Fin septembre, quelques collègues et moi-même décidons d’inscrire nos élèves au projet scolaire Lycéens au cinéma. Parmi les quelques films présentés, l’un d’entre eux a particulièrement retenu mon attention. Il s’agit de « Pas comme les loups » …
Fin septembre, quelques collègues et moi-même décidons d’inscrire nos élèves au projet scolaire Lycéens au cinéma. Parmi les quelques films présentés, l’un d’entre eux a particulièrement retenu mon attention. Il s’agit de Pas comme les loups dont voici le synopsis somme toute assez sommaire mais alléchant!
Roman et Sifredi ont à peine 20 ans. Ils sont en mouvement, comme leur identité, entre exclusion et marginalité. Dans des lieux secrets, souterrains, squats, lisières de bois, sous des ciels nuageux ou des néons à faible tension, ils inventent leur vie, leur langage et leurs codes.
C’est donc le vendredi 1er décembre que la classe de TL part aux Cinéastes à la découverte de ce court-métrage. Pas un souffle, pas un mot durant le film (certains se sont endormis, héhé!) et pourtant que d’avis divergents et tranchés à la sortie pour évoquer les différents ressentis. Dans la joyeuse cohue qui se dirigeait vers le bus pour rentrer au lycée, profs comme élèves échangeaient leurs idées plus ou moins mitigées «La fin était touchante mais c’est un peu ennuyeux», «on tourne en rond», «c’était long et sans intérêt», «l’histoire est aussi intéressante que les personnages», «à part parler, ils ne glandent rien de leurs vies», «j’ai adoré le parcours de ces deux jeunes». etc.…
Aussi, en arrivant en classe, je me suis dit qu’il fallait battre le fer pendant qu’il était encore chaud après avoir laisser mes 31 têtes blondes mijoter dans les transports en commun.
C’est ainsi que j’ai recueilli des avis divers et variés en demandant à quel genre d’histoire elles s’attendaient.
«Je m’attendais à une fiction, à quelque chose de moins contemporain, moins ancré dans la société d’aujourd’hui» explique Anaïs.
Lucile, quant à elle, pensait également à «une histoire fictive mais un peu enfantine dont le propos serait vu et revu» tandis que Maud, Rudi et Marie s’attendaient à «une aventure basée sur des faits réels concernant deux frères qui auraient vécu dans la forêt avec des loups tels des enfants sauvages». On retrouve ici l’impression d’une majorité des TL. Pourtant certains d’entre eux comme Jessica et Hakima ont vu juste puisqu’elles ont tout de suite imaginé une histoire au cours de laquelle «les personnages doivent survivre même s’ils sont en marge de la société». Avis largement partagé par Margaux, Laly, Maryline ou encore Justine.
- Les coups de coeurdes élèves
Pour Rudi c’est «le caractère agressif et rebelle des jeunes hommes, leur poésie et leur philosophie de vie qui sont touchantes.» Selon Dariel c’est «le côté réel de l’histoire et la mentalité des personnages» qui priment. Charlotte pense que cette histoire offre «une belle morale et que dans la vie, il faut réfléchir au choix qu’on fait.» Quant à Jade et à Margaux c’est l’identification aux personnages, leur inaptitude à rentrer dans le système, les erreurs de langage attachantes et la relativisation par rapport à nos conditions de vie qui les ont atteintes au plus profond d’elles-mêmes ainsi que certaines références littéraires et musicales.
- Lesavis ☹
D’autres élèves comme Chloé restent plus perplexes par rapport au lien entre le titre et l’histoire, certains d’entre eux étaient décontenancés par le choix du cadrage et de la réalisation du court-métrage. Quelques élèves comme Pauline ou encore Laura ont été décontenancés par la ressemblance du film avec un documentaire et ont pensé que les deux jeunes hommes ne représentaient qu’un vague cliché des jeunes banlieusards qu’ils ont l’habitude de voir à la télévision.
- Et aussi le
Chez Jessica c’est l’incohérence de l’histoire qui l’a emporté sur l’intérêt qu’elle portait à l’histoire tandis que Laura émet un avis négatif, aussi tranchant qu’une lame de rasoir: «Je n’ai pas aimé ce film parce qu’il n’y a pas d’intrigue. Il s’agit simplement de l’histoire de types paumés qui se plaignent et qui ne font absolument rien de leurs journées pour améliorer leur quotidien. Leur langage «Wesh-wesh» et leur capacité à se coller des problèmes judiciaires sur le dos n’a rien de très valorisant. Leurs musiques de «kékés» ressemblent à de la récup’ «Nique ta mère» et ce sont des êtres enfermés dans un cercle vicieux dont ils ne cherchent pas à sortir!
Le véritable sujet du film selon les littéraires:
La liberté a été évoquée par un certain nombre des élèves, liberté que Lucile nous propose de découvrir sous forme de question à laquelle on pourrait tous essayer de répondre en se secouant les méninges et en les faisant chauffer en compagnie de Monsieur ARTAUD, le prof de philo!A-t-on besoin de la société pour exister et être libre? Les liens fraternels mais aussi marginalisation ont aussi été mentionnés ainsi que la délinquance, pilier qui amène les jeunes à s’approprier des codes et à (ré)inventer d’autres.
Pendant l’heure de média du lundi de 12h à 13h, l’ensemble des TL s’est interrogé sur le message livré par le film. Chacun a réfléchi avec un ou une camarade puis nous sommes passés par une mise en commun:
La liberté évoquée dans le film nous propose de faire fi de la propriété et du capitalisme si chers à notre société parce qu’ils nous empoisonnent.
La vraie liberté c’est pouvoir s’approprier des codes de notre société et en réinventer d’autres par le biais de transformations. Ainsi, les deux jeunes se familiarisent avec la littérature en la disant, en évoquant chez elle ce qui résonnent au plus profond de leurs cœurs et de leurs souvenirs.
La liberté c’est vivre sa vie comme on l’entend, selon ses goûts, son bagage culturel et son aspiration mais c’est aussi découvrir qui l’on est en respectant ou non les codes que la société nous impose.
Scène clé de la fin du film, Roman et Sifredi, les deux frères, discutent tranquillement en essayant de savoir ce qu’ils deviendront dans la vie. Etonnamment, leur touchante joute verbale aux allures de poème de Prévert commence par «Je ne serai jamais». Dans un tour de passe-passe réaliste quoique pessimiste, nous apprenons qu’ils ne seront jamais parents, boulanger, médecin, etc. J’ai donc demandé aux TL d’écrire à leur tour un petit poème commençant par «Je ne serai jamais». Vous en trouverez des joyeux, des franchement rigolos, des tristes, des philosophiques et j’en passe!
Bonne lecture!
Laura:
Je ne serai jamais parfaite
Les filles qui se disent ainsi ne sont pas honnêtes
Je ne serai jamais vraiment claire
Rien ne l’est, partout se cache une part de mystère
Caché dans un jardin secret
Dont la raison est le geôlier
Empêchant le cœur de se dévoiler
Je ne serai jamais vraiment à toi
Même si je suis dans tes bras
Il y a une part sombre que je ne te donnerai pas
Je ne serai jamais très normale
Tu ne pourras pas avoir avoir une copine idéale
Je serais toujours perdante
Ce n’est pas ta faute mais la mienne qui se croit indépendante
Et qui n’est rien à part des larmes
Que je refuse de faire sortir quand tu me parles.
Lucile:
Je ne serai jamais quelqu’un d’autre que moi
Jamais un homme, jamais plus un nourrisson
Je ne serai jamais la personne que je m’acharne à être
Car si je cherche à être, c’est que je ne suis pas
Je ne serai jamais ce que l’on veut que je sois
Puisque je ne serai jamais toi, et toi jamais moi
La seule vérité c’est que je ne sais qui je suis
Alors suis-je vraiment ce que je suis?
Et qui sait?
Je ne serai sûrement jamais ce que je crois être.
Jessica:
Je ne serai jamais dans les sciences
Tous ces chiffres n’ont pour moi aucun sens
Pour moi la vie ne se résume pas à une série de théories
Vivre, ça ne s’apprend pas dans les livres
Mais plutôt chaque jour entourée d’amour
Là, je peux me prendre au jeu de rêver
Je ne serai jamais formatée par la société
Je préfère me dire rêveur et pouvoir partir loin ailleurs…
Cloé:
Je ne serai jamais seule
J’ai toujours un comité d’accueil
Je ne serai jamais la meilleure en mathématiques
Mais je suis sympathique
Je ne serai jamais poète
Mais j’aime les lettres
Je ne serai jamais dans ma bulle
Mais je suis somnambule
Je ne serai jamais un chat
Parce que je fais des achats!
Luna:
Je ne serai jamais égale à toi
Je ne serai jamais douce comme de la soie
Je ne serai jamais un grand seigneur
Je ne serai jamais totalement envahie par la peur
Je ne serai jamais voyageur de l’espace
Je ne serai jamais normale
Après tout pourquoi être banale?
Anaïs:
Je ne serai jamais un héros
Parce que des super-pouvoirs j’en ai zéro
Je ne serai jamais médecin
Parce qu’en sciences je ne suis pas un saint
Je ne serai jamais aviateur
Parce que j’ai peur des hauteurs
Je ne serai jamais poète
Car mes rimes ne sont pas chouettes!
Ségolène et Eva:
Je ne serai jamais immortelle
Même si mes ailes sont belles
Je ne serai jamais libre
Car je n’ai toujours pas la fibre
Je ne serai jamais le contraire d’heureuse
En effet je suis une rêveuse
Je ne serais jamais violente
Autrement je dévalerais la pente
Je ne serai jamais triste
Sinon je quitte la piste
Je ne serai jamais une starlette
Je mange trop de tartiflette
Je ne serai jamais un poteau
J’aime pas trop
Mais je serai toujours à l’apéro
Avec mes potos.
Emilie-Sarah :
Je ne serai jamais grande
Même si on me le demande
Je préfère mon monde merveilleux
Je veux quitter ce monde d’orgueilleux
Et bannir les malheureux
Je ne serai jamais Hercule car je suis minuscule
Il a tué le lion de Némé
Ce fauve mal aimé
Car si son courage n’a pas d’égal
A côté je suis bucéphale
Tremblante devant mon ombre
Pleurante lorsqu’il succombe
Heureuse devant ma tombe
Seule endormie pendant que je dépéris
Il attend donc que je quitte cette vie
Je ne dois pas me retourner
Car il est venu me chercher
Seul dans la nuit
Retentit sa lyre qui luit.
Rudi:
Je ne serai jamais un grand homme politique
Ce monde restera toujours pour moi énigmatique
Je ne serai jamais non plus un p’tit génie de l’informatique
Je ne sais pas me servir de mon ordi alors ne me parlez pas du numérique!
Je ne serai jamais prof de mathématiques
J’ai pas envie de donner aux élèves des migraines ophtalmiques
Ni non plus un homme qui raconte dans des livres sa vie soporifique
Encore moins un nom qu’on retrouve dans un générique.
Je ne serai jamais un de ces milliardaires égocentriques
Qui s’offrent tellement de superflu qu’ils n’ont plus rien de bénéfique
Ni une star du showbiz ou du monde médiatique
Ca me rendrait fou tous ces flash et tous ces clics.
Moi, ce que je veux, c’est une vie idyllique
Vivre avec ma femme, mes enfants, mes amis et ma clique!
Dariel:
Je ne serai jamais un écrivain
Même si j’ai beaucoup d’histoires à raconter
Je suis plutôt malin
Mais pourtant les gens pensent que je suis un raté
Je ne serai jamais président
Car au peuple je ne vole pas d’argent
L’avenir me dira si je suis un type intelligent
L’histoire dira c’est celle d’un type marrant
Je ne serai jamais parfait
Mais à la fin je voudrais être content de ce que j’ai fait!
Margaux:
Je ne serai jamais ce que tu voudrais que je sois
Comme le ver, je tisse ma propre soie
Dans ma bulle, ne crois pas que je suis crédule.
Ma vie est comme un chantier
Je construis mes fondations pour pouvoir avancer.
Toi frérot, tu as ta place dans mon histoire.
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